lundi 24 septembre 2012

Si elle me met un mot je vais la saigner! Elle va pisser le sang!

Euh... Bonjour Pierrot, bienvenue en 6ème... à la semaine prochaine?

Les actes violents  au sein des établissements scolaires ne sont pas passés inaperçus récemment. Les agressions de professeurs étaient même au coeur des sujets médiatiques les deux premières semaines de cours. Même les parents s'y mettent. Comme un "bienvenue nouveaux profs, enjoy une gifle dans ta gueule!" Ah la la ça ne va plus du tout! La solution? Tiens, si on les regardait faire... Je vais donner à ça un super nom, tu sais le truc le là pour regarder les étoiles? C'est quoi le nom déjà? Ah oui! Observatoire! Tout pile ce qu'il fallait pour compléter cette superbe invention, trop top l'idée des Pascal Le Grand Frère chargés de toutes les missions et d'aucune à la fois. Je vais peut-être attendre de voir la mise en pratique avant d'ironiser... Oups.

À Kévina Dughetto* mon super bahut zep wesh, les premiers rapports d'incidents disciplinaires ont été rédigés dès la première semaine de cours. Jets de projectiles, insultes, bagarres... Nos affreux se sont dit qu'il valait mieux nous remettre dans le bain tout de suite, genre bien.
Mais attention! Les premiers conseils de discipline n'auront pas lieu en septembre, NON MONSIEUR! Ils auront lieu en octobre,  le 1er si possible.  Dans ma courte expérience professionnelle ils n'avaient jamais commencé aussi tôt.
L'an dernier les discussions sur la question disciplinaire avaient été plutôt animées en salle des profs. C'est qu'on s'est vu reprocher plus d'une fois d'accorder trop de place à la discipline dans nos cours. D'après les parents d'élèves, il était injuste de trop en faire pour raccrocher Junior Tumassoulé et ses amis à la leçon car cela pénalisait la Choupi Team qui voulait juste apprendre, elle, d'abord! Les parents de Junior étaient dépassés de toutes façons ils ne verraient pas la différence. Pour la direction le discours était tout autre et j'ai cru comprendre parfois que ma seule mission était bêtement de garder tous les affreux dans la salle de classe (et leur servir le thé aussi?).

Les faits de violence se sont multipliés à un vitesse folle et bizarrement, plus ils aggravaient plus le corps enseignant se faisait comme un devoir de se montrer compréhensif, tolérant à tel point que j'avais l'impression avec certains collègues d'être face à une femme battue masochiste amoureuse. Celle qui persiste à rester avec son conjoint parce qu'"il a un bon fond et ça c'était juste un coup de colère", à le soutenir l'air béat et les yeux scintillants d'espoir. Donc , oui il/elle m'a giflé(e)/craché au visage/ bousculée violemment alors que j'ai un alien dans le bidon et oui il/elle est connu(e) pour ses multiples provocations et autres manquements au règlement intérieur mais trois heures de retenue un mercredi après-midi suffiront, non? Really? --'

Pour l'instant la seule chose sur laquelle je me base pour rédiger mes rapports d'incidents c'est l'échelle des sanctions. Elle est à peu près claire et a d'ailleurs été réformée l'année dernière pour assurer au mieux le respect dû à l'ensemble du personnel de l'établissement tout en veillant à ce que l'élève ne soit pas laissé pour compte.
Nouveauté, depuis l'an dernier une mesure disciplinaire est systématique lorsqu'un élève se rend coupable de certains faits de violence y compris verbale. Une mesure impliquant donc une décision du chef d'établissement et inscriptible dans le dossier scolaire de l'élève à ne pas confondre avec une simple punition (mot dans le carnet, exclusion ponctuelle de la classe, heures de colles, lettre d'excuse...). Évidemment la sanction quelle qu'elle soit se doit d'être individualisée et évite de compromettre le futur scolaire de l'élève fautif.  
 
Je ne crois pas être une prof réac tarée tous au bûcher. Bien entendu  nous avons quelques élèves paumés, en souffrance, qui ne savent pas par quel biais exprimer leur colère ni sur qui déverser leur haine du système - ou d'autres qui sont juste extrêmement stupides et maladroits. Seulement nous sommes d'abord censés participer à leur éducation, y compris citoyenne. Le faisons-nous en laissant planer l'idée que parce qu'ils sont jeunes et c*ns leurs actes sont sans conséquences? Comment peut-on espérer qu'une fois sortis du système éducatif ils comprennent réellement les enjeux normalement plus graves d'un manquement aux règles de vie en société?

Jeune prof en mal de choupitude refuse encore d'être blasée... Oui j'aurais pu trouver un sujet plus gai on est seulement en septembre tout ça mais voilà, y a aussi du vilain tout moche, des dilemmes pourris et des journées de 8h30-22h cause conseils de discipline dans ma vie de prof.

See you when I am de meilleure humeur.

* Merci @AlexdeCantabria qui a trouvé à mon collège ce nom si seyant.

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